Géologie
La formation du paysage des Causses et des Gorges est une longue histoire débutée bien avant l'apparition de l'humanité. C'est une longue histoire d'érosion, de sédimentation, d'éruption qui durera plusieurs millions d'années.
La chaîne hercynienne se met en place par le plissement des sédiments de la mer primaire (il y a 285 millions d'années) pour former une chaîne de montagnes plus grande et plus haute que les Alpes que nous connaissons. L'érosion de cette chaîne montagneuse entraîne, par ses fleuves, les premiers dépôts issus des massifs (sables, conglomérats) et lagunaires (argiles, dolomies) qui s'accumulent dans les dépressions au fil des millénaires. Il y a 190 millions d'années, la vaste pénéplaine issue de l'érosion du massif hercynien est envahie par une mer peu profonde.
Les principaux dépôts marins sédimentent de 135 à 65 millions d'années (Jurassique et Crétacé) et forment alors la couche calcaire que nous voyons aujourd'hui. Le premier soulèvement des Cévennes vide cette mer « secondaire ». Débute alors une érosion lente de la plaine calcaire issue des dépôts marins. Par la suite, les mouvements tectoniques alpins et pyrénéens de l'ère tertiaire soulèvent, basculent et fissurent les bordures sud et est du Massif central : les Causses émergent et se disloquent.
Le climat chaud et humide d'alors (il y a 40 millions d'années) favorise les phénomènes de dissolution en fonction de la nature des roches. Les fragmentations des formations favorisent les percolations de l'eau dans les zones fracturées et accélèrent la dissolution des zones broyées ou cassées.
Il y a 6,5 millions d'années, quelques volcans transpercent l'épaisse couche de sédiments. Leurs traces sont encore visibles au lieu-dit "Basalte", peu après le Mas de Lafont, au coeur du cirque d'Eglazynes. La lave solidifiée est visible aux abords de la route ou dans le lit du Tarn, en contre-bas.
C'est surtout vers - 5 millions d'années que les vallées se creusent ainsi que les réseaux souterrains caractéristiques des reliefs karstiques (grottes, avens) que nous connaissons actuellement.
Datant presque toutes du Jurassique, reposant sur les bancs de grès du Trias et recouvrant le socle hercynien (les schistes), les roches Lemères principales de notre région sont des roches sédimentaires. Ce calcaire peut être massif, lité ou marneux. L'épaisseur des couches atteint 650 m et jusqu'à 1 500 m par endroit. Sensibles au gel, les calcaires en plaquettes se désagrègent en vastes ensembles caillouteux.
A la différence des autres roches, les calcaires ne sont pas parcourus en surface par un réseau hydrographique, le réseau est dit « karstique ». L’eau s’infiltre dans les fissures et se charge en gaz carbonique . Elle dissout la roche en creusant des réseaux souterrains complexes de galeries et de grottes. Elle ressort en surface sous forme de résurgence au contact de couches géologiques imperméables. Ces calcaires sont souvent dolomitisés , avec des niveaux marneux ou argileux. Les calcaires dolomitiques sont souvent perceptibles dans les falaises, les corniches et les ruptures de pente. Cette roche se différencie et façonne le paysage calcaire, par la présence de carbonate de magnésium. Elle résulte de la transformation de sédiments calcaires par l’eau de mer qui y apporte le magnésium. Cette roche est assez fréquente sur les Causses, en alternance avec le calcaire, notamment dans les Gorges du Tarn et de la Jonte. La dolomie forme des piliers et des reliefs ruiniformes, rochers déchiquetés, appelés « lapiaz » ou « lapiés » (ex. : Les Arcs de St-Pierre, commune de St-Pierre-des-Tripiers). Les marnes et le basalte (quelques traces issues de l'activité volcanique du tertiaire récent) sont présents, mais de façon plus marginale.
Le Tarn prendra son temps, en 20 millions d'années il creusera un sillon de 43 km. Les roches calcaires lui résisteront très différemment pour créer ces magnifiques paysages : canyons et sites ruiniformes (lapiaz géants du à l'érosion de la dolomie) se succèdent en surface. Les avens, grottes et rivières souterraines se cachent en sous-sol. De multiples réseaux souterrains parcourent la région et, comme certaines résurgences, ils gardent encore le mystère de leur origine, laissant de multiples espoirs de découvertes aux spéléplogues.
C’est à partir de la dernière glaciation, il y a 20000 ans, que les causses ont perdus leurs boisements et se sont transformés en pelouses sèches.
Les forêts reprennent progressivement leur place avec l’adoucissement du climat jusqu’à il y a 4000 ans. Le pastoralisme commence alors sur la région jusqu’à son apogée du XIX°s, développant les zones ouvertes de pâturage au détriment des forêts. Avec l’exode rural et la modernisation de l’agriculture, les parcours sont moins pâturés et le paysage se ferme à nouveau. Spontanément les causses et vallées se boisent et les plantations de pins noirs se développent.
Aujourd'hui la rivière a terminé son travail d'érosion et touché son point bas dans le canyon du Tarn, sur 43 kilomètres l'eau reste en surface. La Jonte continue de percer les couches calcaires et n'a pas atteint son point bas, elle disparait dans les failles pour réaparaitre quelques kilomètres plus bas. Un jour ou l'autre ce chemin souterrain sera découvert par l'effondrement de la couche calcaire infiltrée. Mais peut être ne seront nous plus là pour le voir, car la vie humaine n'est que poussière à l'echelle du temps géologique.