La conque de Banicous
A une centaine de mètres de Banicous, une immense dalle calcaire porte une conque toujours pleine d'eau.
Là, vivait au temps jadis un druide, et ce druide avait épousé une fée. Or cette fée était fort jolie et admirée de tous, depuis La Caxe et Rieisse jusqu'au Courby et Le Truel.
D'accord avec son mari, qui était un bon druide, tenant à récompenser la vertu, la fée, lorsqu'un jeune homme avait été sage jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans, allait chez lui le soir, le prenait par la main, le déshabillait, et tous deux plongeaient enlacés dans la baignoire de pierre.
Tantôt dans l'eau, tantôt étendus sur le gazon, ils passaient ensemble toute la nuit ....
Mais l'épouse du druide ne se contentait pas de chastes jouvenceaux dont l'espèce était un peu rare .
Une femme du Rouveret, village que surmonte un oppidum où passe la vieille draillee qui descend vers La Malène et les Gorges du Tarn, était jalouse de son mari. Il s'attardait le soir si longuement que ses moutons rentraient souvent seuls à la bergerie.
Un soir, à la tombée de la nuit, elle le guette du haut de la montagne qui domine, vers le nord, le vallon de Banicous.
Elle le vit qui sortait de la maison du druide. La fée l'accompagnait et, avant de se séparer, tous deux s'embrassèrent longuement. La pauvre femme en mourut de stupeur
La fée lui trancha le cou et plaça sa tête au sommet d'un rocher qui surplombe la piste romaine.
Depuis lors , "La Tête de la femme ", tel est le nom de ce bloc dolomitique, surveille inlassablement le chemin que suivait l'infidèle .
"Revue du Gévaudan" , 1957 .