L'histoire du meneur de loups
La Conque avait, dit-on, apprivoisé les loups. Il habitait sur l'escarpe du Causse Noir dominant la Jonte.
Un jour, intrigué par la fumée qui s'échappait du bois, il se trouva en présence d'un voyageur égaré à qui il proposa l'aide de deux de ses compagnons pour le remettre sur le bon chemin.
"Finette et Ramasse, allez ramener cet homme !" Et alors les loups sont allés l'amener chez lui après que La Conque eut bien précisé : "Ne leur dites rien quand ils seront à la porte, donnez-leur seulement une miche de pain !"
Quand l'homme arriva à la maison, paralysé de terreur, il s'évanouit. Les gens de la ferme s'interrogeaient sur la présence de ces bêtes au seuil de leur demeure " Mais comment ces deux bêtes sont-elles là ? "
Et quand l'homme eût repris ses esprits et put à nouveau parlé, il leur dit : " Le monsieur qui me les a envoyés, il m'a dit de leur donner un pain et qu'ils repartiraient "
Et en effet, c'est ce qui se produisit.
Les rapports mystérieux qui pouvaient exister entre certains hommes et les loups sont bien mis en évidence dans ce récit à mi-chemin entre la légende et la réalité. Le meneur de loups était un homme connu, vivant dans la forêt, entouré de ses loups Pareils à des chiens de bergers, identifiés comme tels, les bêtes obéissaient à sa volonté. Et, en guise de récompense, le don du pain accentuait, encore plus, leur caractère domestiqué.
L'histoire garde cependant tous les caractères de la légende.
Ces récits mythiques pourraient se fonder sur l'existence réelle ou supposée de meneurs de loups s'apparentant à des sorciers et auxquels on ne refusait jamais l'hospitalité sous peine des pires représailles.
A moins qu'il ne s'agisse de véritables bandits qui profitaient de cette réelle peur du loup, laquelle, dans la croyance populaire, était le plus souvent assimilée à un pacte avec le diable.
Cette pratique fit l'objet, au début du XIXè siècle, de sombres escroqueries qui prirent fin grâce à de nombreuses arrestations.
Des louvetiers pénétraient dans les fermes isolées et terrorisaient femmes et enfants par la menace prochaine des loups. Ils leur promettaient de les protéger, moyennant rétribution en argent ou en nature : blé, lard, fromage ( F; de Barrau , Galeris des Préfets de l'Aveyron ).
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